Le pseudogap, de quoi s'agit-il ?
 
 
 
 
Un exemple de propriété exotique des supraconducteurs à haute TC est le pseudogap. Il a été mis pour la première fois en évidence dans notre équipe en 1989. Dans les systèmes YBaCuO purs, on peut en effet mesurer avec la RMN du noyau Y les propriétés des plans CuO2 qui sont la brique élémentaire de tous ces composés. On mesure en fait le "shift" qui est proportionnel à la réponse à un champ magnétique extérieur au sein du plan CuO2. Voici ce que l'on obtient alors :
 
 
 
 

La chute brutale du "shift" quand la température décroit est étonante : dans un métal on attendrait un comportement constant. Cette chute est appelée "pseudogap". Ce qu'on appelle "gap" signifie l'existence d'un trou abrupt dans les excitations du système à une température précise. Ici, c'est un trou progressif qui apparait, la chute étant progressive, d'où le nom de pseudogap ("presque gap"). Ce pseugogap signale la présence de propriétés magnétiques anormales. Reste à comprendre si ces anomalies sont à l'origine de la supraconductivité, ou au contraire luttent contre elle.

  Nous avons aussi pu prouver que ce pseudogap n’est pas affecté par les impuretés, contrairement à TC. Nous avons enfin montré que ce pseudogap existe dans des matériaux à une couche de plans (HgBaCuO) ou deux couches (YBaCuO), ce qui montre que c’est bien une propriété intrinsèque aux plans CuO2.