Aujourd’hui, à 14h, les responsables de formation de l’UFR sciences ont reçu le message suivant :
« L’université est ouverte le 18 septembre, les enseignements sont maintenus. Le mouvement risque d’impacter fortement les transports en commun. Dans la mesure du possible, nous vous invitons à organiser la journée du 18 en distantiel et de la bienveillance pour les absences et les retards. «
Nous sommes choqués par cette proposition de passer les cours en distanciel pour pallier les difficultés dues à un mouvement social. La bienveillance pour les absences et les retards est effectivement de mise et semble suffisante.
En effet, comme le rappelait le conseil académique dans sa motion du 06 mars 2023 (adoptée par 24 voix pour, 11 abs, 5 contre et 4 refus de participation au vote) : « le distanciel est une forme très dégradée d’enseignement et aucune base juridique ou réglementaire ne permet d’y avoir recours à l’occasion de mouvements sociaux. » (retrouver ci-dessous la motion dans son intégralité *)
Cette proposition détériore encore, s’il en était besoin, les conditions de travail des enseignants et enseignant.es-chercheurs.euses. Elle nie leur liberté pédagogique. Elle ne prend pas en compte que faire un cours en distanciel ne s’improvise pas et considère que le distanciel improvisé remplace utilement le présentiel alors que c’est une forme très dégradée d’enseignement. Par ailleurs, pour que cela soit vivable pour les étudiant.es, il faut que la journée entière soit en distanciel, ce qui nécessite du temps pour se concerter avec l’ensemble de l’équipe pédagogique. Bref, pédagogiquement, le passage en distanciel dans l’après-midi de la veille n’est ni souhaitable, ni faisable.
Par ailleurs, les mouvements sociaux représentent des moments qui impactent les citoyens, quoiqu’ils en pensent. Enfermer les enseignant.es et les étudiant.es dans une bulle hors de la société, les empêchant de participer aux débats ou même d’en discuter avec leurs pairs n’est pas l’idée que nous nous faisons d’une université ouverte et démocratique qui forme aussi des citoyen.nes.
Enfin la grève, par exemple dans les transports, peut certes être pénible, mais c’est un moyen de lutte qui a fait ses preuves et a permis de gagner l’ensemble de nos droits sociaux, de la retraite à la sécurité sociale en passant par les congés payés. S’organiser pour briser les grèves nous semble inconséquent quant à l’avenir de nos droits et de notre service public qui sont attaqués un peu plus chaque jour.
* « Le Conseil Académique de l’Université Paris-Saclay, réuni le 6 mars 2023 tient à affirmer son opposition au projet de loi de réforme des retraites présenté le 10 janvier par le gouvernement. En effet, cette réforme qui prévoit le recul de l’âge légal de départ à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisation à 43 annuités lui paraît non seulement injuste mais aussi inutile d’un point de vue financier, comme le confirme le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites. Le Conseil Académique soutient le mouvement contre cette réforme et invite les personnels enseignants à ne pas contrôler l’assiduité des
étudiantes et des étudiants et à ne pas assurer d’enseignement lors des journées de mobilisation. En outre, le conseil académique rappelle que le distanciel est une forme très dégradée d’enseignement et qu’aucune base juridique ou réglementaire ne permet d’y avoir recours à l’occasion de mouvements sociaux ».