LPPR et Charte RH

Mobilisation contre la précarité et la LPPR

Le 8 juillet de 11h à 15h

Esplanade Pierre Vidal-Naquet, université de Paris (ex. Denis Diderot ex. Paris 7) 75013 Paris (métro 14 – Bibliothèque F. Mitterrand)

L’offensive que mène actuellement ce gouvernement contre l’enseignement, la recherche, et l’hôpital publics, a besoin que soient détruits les moyens de résistance que sont les statuts. Ce fut l’objet de la loi dite de « transformation de la Fonction Publique » (août 2019). Aujourd’hui, le projet de loi de programmation de la recherche (LPPR), s’inscrit parfaitement dans ce cadre : pour soumettre la recherche aux intérêts privés, il faut s’en prendre aux statuts. Après les Licences à 2 vitesses, la LPPR nous précipite vers des carrières à plusieurs vitesses des enseignants chercheurs. L’enjeu est de démultiplier les contrats précaires à l’université avec les « tenure tracks » et les CDI de missions, mais aussi dans les entreprises avec les contrats doctoraux et postdoctoraux de droit privé, hors du cadre du code du travail. La loi d’août 2019 supprime les CAPN élues (Commission d’Aptitude Paritaire Nationale) et les remplace par des experts locaux nommés avec l’article 14 qui encourage les accords locaux. Il s’agit maintenant d’en finir avec les règles communes encadrées par nos statuts, d’aller vers une gestion décentralisée des personnels, afin de « faciliter les mobilités entre les universités et les organismes »de recherche. Faire sauter la référence aux 192h de service des enseignants-chercheurs, imposer aux chercheurs de s’engager dans l’enseignement, et introduire une part variable de la rémunération basée sur l’engagement professionnel et individuel (type RIFSEEP), c’est le meilleur chemin vers la concurrence entre toutes et tous. La charte RH, une déclinaison de la LPPR à l’Université Paris-SaclayDans l’objectif de la régionalisation de l’enseignement supérieur et de la recherche publique, le renforcement de l’autonomie des établissements est un enjeu pour le gouvernement, d’où le recours à « l’expérimentation » en dehors du Code de l’Education. C’est le cadre de l’ordonnance de décembre 2018 dans lequel se situe l’université Paris-Saclay. Sous prétexte d’une demande de l’IDEX exigeant d’homogénéiser les pratiques de recrutement, la présidence de l’université Paris-Saclay a proposé dans la précipitation une charte « Ressources humaines », entendant faire accepter dans l’urgence ce document inachevé par toutes les composantes de l’UPS. Pour développer une gestion décentralisée des « ressources humaines », la charte s’appuie sur « La reconnaissance des métiers », c’est-à-dire la possibilité de récompenser les plus « méritants », autrement dit la politique de la carotte et du bâton, la mise en concurrence des personnels. Par ailleurs, cette charte encourage la mobilité public-privé : « collaborer, pour une période déterminée et renouvelable, avec des laboratoires publics ou privés, afin d’y développer des applications spécifiques ». C’est un pas de plus vers la privatisation du système de recherche publique. En conclusion, cette charte devait préconiser « un référentiel commun de gestion des ressources humaines » et poser en principes généraux « les aspects éthiques et professionnels communs à tous les personnels et à l’employeur ». Finalement, elle n’est ni une charte RH, ni un cadre pour homogénéiser les pratiques de recrutement, c’est une redéfinition des obligations des personnels dans le cadre de l’université Paris Saclay, remettant en cause le cadre national des statuts et ses garanties collectives dans le cadre de la régionalisation de l’ESR. Cette charte s’inscrit dans la LPPR, et elle doit être combattue.

Rentrée 2020

Durant cette crise sanitaire, avec plusieurs centaines de morts par jour, une bonne partie d’entre nous s’est consacrée à plein temps à gérer la vie en confinement, à s’occuper de ses proches, à faire l’école à ses enfants ou à prendre soin de ses parents âgés ou malades … pourtant le gouvernement nous a enjointd’assurer la continuité pédagogique à distance. Dans l’urgence, au prix d’un lourd investissement, sans pouvoir prendre le temps de la réflexion et sans moyen supplémentaire, nous avons répondu à cette exigence, afin de mettre en place les enseignements à distance pour assurer cette continuité. Toujours dans l’urgence, les tutelles ont ensuite voulu imposer les évaluations à distance.Aujourd’hui, le gouvernement accompagné d’un nombre croissant de président.e.s d’université veut faire croire que cette expérience est positive et en profiter pour promouvoir un enseignement présentiel prudentiel, c’est à dire un enseignement à distance qui dit ne dit pas son nom, dans lequel une très grande partie du présentiel serait remplacée par de l’enseignement à distance. La doyenne de l’UFR sciences propose un « scénario prudentiel dans le cas où le virus serait toujours en activité dans notre pays [..] qui pourrait nous amener rapidement en cas d’apparition d’un cluster à des mesures de fermeture de campus. ». Il s’agit donc d’enseigner à distance « au cas où » sans savoir quand et comment cet « au cas où » pourrait disparaître. Nous qui avons vécu cette expérience au plus proche du terrain, nous tenons à affirmer que dans la grande majorité des cas cette expérience a été négative. L’enseignement à distance est un enseignement dégradé qui ne s’adresse de fait qu’à une minorité d’étudiant.e.s bien équipé.e.s et bien entouré.e.s, amplifiant ainsi les inégalités sociales. Nous affirmons que les interactions physiques entre toutes les actrices et tous les acteurs, étudiant.e.s, enseignante.s, personnels techniques et administratifs sont au cœur de la démarche universitaire. Elles sont non seulement nécessaires à la transmission des raisonnements et des connaissances mais sont aussi constitutives de la construction des savoirs et de la vie sociale qui sont déterminants pour l’avenir des jeunes étudiante.s.Nous savons que l’enseignement à distance peut être adapté, et est déjà utilisé, dans des cas très spécifiques (enseignement professionnel, destiné à des étudiant.e.s ciblés, ou ne pouvant se déplacer par exemple). Par ailleurs, les outils numériques sont aujourd’hui largement utilisés par nous tou.te.s comme un ajout à notre activité d’enseignement en présentiel. Mais le distanciel et le numérique ne doivent en aucun cas être des palliatifs du manque criant d’investissement des pouvoirs publics dans l’Université, le logement étudiant et les transports en commun. En outre, ces outils numériques doivent être libres pour des raisons de sécurité et de confidentialité, et pour s’assurer que l’enseignement universitaire reste un service public et ne soit pas la proie d’officines privées d’enseignement à distance. Alors que les vannes de l’argent magique ont été ouvertes dans de nombreux secteurs économiques, rien n’a été fait pour les services publics comme la santé ou l’enseignement. Sauf reconfinement strict, nous refusons d’enseigner à distanceà la rentrée 2020-2021. L’université, avec le soutien de l’État, doit assurer ses missions en mettant en place des moyens, en termes de protection sanitaire pour tous, de locaux et de postes permanents, tant pour les enseignants que pour les BIATSS pour que, dans un contexte d’augmentation du nombre d’étudiant.e.s, nous puissions réellement enseigner.Des enseignants de l’université Paris-Saclay, résolument opposés à l’enseignement à distance, avec le soutien de SUD Éducation et de la FSU

Intervention au CA des élus pour une Université Humaniste Démocratique et Ecologique

Nous vous avons transmis le 24 mai un compte rendu du conseil d’administration par les élus de la liste « Pour un université humaniste, démocratique et écologique » (UHDE). Il y était évoquée la suspension de J-P. Dubois. Nous avons démarré le Conseil par une intervention liminaire dénonçant cette suspension arbitraire et autoritaire. Vous trouverez ci-dessous cette intervention à la suite de laquelle la présidente n’a ni manifesté le moindre regret ni reconnu une quelconque disproportion. Le communique de presse écrit par les élus FSU, CGT, UNEF et CFDT à la suite du CA se trouve ici. ——————————————————————————————

Intervention de Hugo Harari-Kermadec pour la liste UHDE (FSU-CGT) au Conseil d’administration de l’Université Paris-Saclay du 18 mai 2020.

Madame la présidente, les administrateurs et administratrices de l’Université Paris Saclay, élus sur les listes soutenues par l’UNEF, la FSU, la CGT et la CFDT ont publié un communiqué de presse commun avant ce CA. Nous souhaitons intervenir à propos de la suspension que vous avez décidée à l’encontre de M. Dubois le 13 mai dernier. Cette décision a choqué nos collègues comme les étudiantes et les étudiants, elle a suscité de nombreuses réactions, vous l’avez dit, des articles dans le Monde Campus et Médiapart entre autres et une pétition ayant recueilli plusieurs milliers de signatures. Votre décision de suspendre M. Dubois est donc de nature à inquiéter les administrateurs et administratrices, dès les premiers mois de l’Université Paris-Saclay, à au moins deux titres : l’arbitraire et l’autoritarisme, à l’opposé des valeurs annoncées dans les plaquettes de Paris-Saclay, d’une part ; et d’autre part, l’usage détourné des plateformes et des données informatiques, alors même que la ministre Vidal vient d’annoncer une rentrée universitaire à distance. I/ Alors que nous faisons face à une épidémie qui provoque l’angoisse et le stress, quand ce n’est le deuil, chez les étudiantes et les étudiants comme chez leurs professeur·es, alors que nous sommes toutes et tous amené·es à improviser un enseignement à distance, alors que les inégalités éducatives s’exacerbent du fait des différences d’équipement mais aussi de conditions de vie en confinement, nous faisons face à des injonctions contradictoires : Il faut être bienveillant mais finalement évaluer et sélectionner pour défendre la valeur des diplômes. Chacun a dû trouver seul chez lui son équilibre, sur la base de son autonomie académique et en supposant le soutien, bienveillant lui aussi, de l’université. Vous vous êtes engagée, il y a moins de deux mois, lors de votre élection devant ce CA, à travailler « dans le respect, l’écoute et la co-construction », à respecter « les valeurs démocratiques et collégiales ». Mais vous décidez seule de suspendre un Professeur des Universités. Quelle était la cause de cette décision urgente ? M. Dubois avait-il commis des actes violents ? Fallait-il interrompre une situation de harcèlement, ou un discours xénophobe ou misogyne ? Non, c’est la participation de M. Dubois à un jury qui vous inquiétait, parce que, selon votre courrier du 15 mai, elle « s’avérait de nature à possiblement entraver son bon déroulement ». Quel risque ! Non seulement votre décision apparaît disproportionnée, si l’on supposait qu’il y avait lieu de s’inquiéter du caractère perturbateur d’un ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme à la veille de la retraite, mais surtout elle est préalable : selon votre courrier du 15 mai, vous n’avez pas suspendu M. Dubois pour un acte qu’il aurait commis mais qu’il pourrait commettre : une possible perturbation, une hypothèse. Il s’agit donc d’une suspension préventive. Cette situation est en profonde contradiction avec la base de la collégialité : si la présidente de l’université Paris-Saclay peut décider de retirer des participants aux jurys et aux conseils, sur la base de suspicions, alors que reste-t-il de l’autonomie académique ? A quoi bon avoir des élu·es ? Qui m’assure que vous ne me suspendrez pas avant le prochain CA au motif que ma participation s’avérerait de nature à en entraver le bon déroulement ? Vous reprochez à M Dubois d’avoir introduit une rupture d’égalité entre étudiants. Malheureusement, il est certain qu’aucune épreuve en ligne ne permet de garantir cette égalité, quelles qu’en soient les modalités techniques. Pourtant, cette exigence d’égalité est fixée par la loi et son respect incombe formellement aux établissements. Et non pas aux étudiantes et aux étudiants contrairement à ce que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche voudrait obtenir en demandant aux candidats, je cite « […] un engagement explicite à assumer la responsabilité des conditions techniques, matérielles et opérationnelles du déroulé de l’examen à [leur] domicile. » Non, ce n’est pas aux étudiantes et aux étudiants d’assumer la responsabilité de cette situation, ni à M. Dubois. C’est la volonté d’assurer les examens malgré la situation pandémique et le confinement qui entraine cette inégalité. II/ A côté de ce fonctionnement arbitraire avec lequel vous ouvrez votre mandat, une seconde préoccupation majeure pour les administrateurs et administratrices est l’utilisation des plateformes et données numériques. Le recours massif et dans l’urgence à ces outils ces dernières semaines a soulevé l’inquiétude des défenseurs des libertés publiques, mais aussi de nos syndicats. La ministre Vidal vient d’annoncer qu’elle souhaite prolonger cet usage pour l’année universitaire prochaine. Or votre décision et les éléments par lesquels vous la justifiez sont de nature à confirmer ces inquiétudes et à refuser de poursuivre dans cette voie. Plus grave peut-être, vous avez eu recours au tracing en contradiction avec toutes les valeurs et toutes les chartes dont vous vous targuez. Plutôt que d’avoir ouvert un dialogue avec M. Dubois, vous annoncez dans votre décision du 13 mai vous fonder sur les données de la plateforme e-campus et sur des courriels. Rappelons que selon la charte de l’INRIA, la seule à notre connaissance à porter sur les administrateurs systèmes, je cite : « sauf réquisition d’une autorité judiciaire, les administrateurs systèmes ne doivent répondre à aucune demande d’information ou de traitement pouvant mettre en cause des personnes même sous couvert d’un ordre hiérarchique. » Charte INRIA La charte de Paris Sud stipule, p. 1, que les utilisateurs s’interdissent « – d’accéder à des données de tiers sans leur autorisation, de supprimer ou de modifier ces données » Si la charte mentionne que la DSI puisse être amenée à prendre connaissance de données, notamment les traces de connexion, elle stipule expressément que « l’ensemble de ces démarches sera accompagné d’un dialogue avec les utilisateurs concernés et ne pourra être mis en œuvre que sous réserve de faisabilité technique et juridique. » Comment continuer à utiliser ces outils numériques si vous en détournez l’usage, en dehors de tout cadre juridique ou réglementaire, pour prendre des décisions arbitraires à l’encontre de vos personnels ? Si un professeur d’université, qui plus est en droit, peut subir une telle suspension alors à quoi doivent s’attendre nos collègues moins reconnu·es, plus précaires ? Ces traces informatiques vont-elles bientôt servir à comptabiliser l’exécution des services et les heures complémentaires ?

Installation de Paris-Saclay : l’urgence de défendre les valeurs universitaires dans la tempête.

A peine les conseils élus, plongée dans l’urgence sanitaire, l’université Paris-Saclay s’acharne à maintenir sa cadence « en mode projet », en dépitd’un résultat très mitigé pour la présidence aux élections (https://hebergement.universite-paris-saclay.fr/fsu-psud/UHDE_files/Resultats.pdf ), en dépit du confinement, endépit de la surcharge de travail et de l’épuisement de tous pour assurer vaille que vaille le sauvetage pédagogique de la fin d’année.A notre grand regret, chaque nouvelle pierre posée, à marche forcée, enterre un peu plus les valeurs universitaires de démocratie, de collégialité,d’égalité de gratuité et de service public. D’abord à ce premier conseil d’administration où les élus, désormais minoritaires, n’ont pas pu proposer unseul nom pour les personnalités extérieures. La semaine dernière avec une suspension arbitraire et autoritaire ( https://universiteouverte.org/2020/05/16/autoritarisme-a-saclay/ )d’un collègue, pour laquelle la présidence, interrogée en CA ce lundi, n’a ni manifestéle moindre regret ni reconnu une quelconque disproportion. Elle est pourtant bien en peine pour donner la raison de cette suspension. Encore ce lundi,pour les graduate-schools, la règle d’une majorité d’élus a été rejetée, ce qui nous a conduit à voter, seuls, contre leur règlement intérieur cadre,comme nous avons voté, seuls, contre le règlement intérieur de l’école universitaire de premier cycle qui entérine de fait la ségrégation pédagogique,l’université à deux vitesses.Aujourd’hui, alors qu’il faudrait prendre soin des étudiants comme des personnels, alors qu’il faudrait prendre le temps de faire le point, de penser larentrée qui s’annonce fort compliquée, il y a bien plus important et urgent que jouer le bon élève de l’Idex en poursuivant à tout prix un calendrier fou (rapport à rendre le 15 juillet),totalement incompatible avec un fonctionnement collégial serein.Les temps sont donc difficiles, mais les valeurs universitaires que nous défendons sont universelles. Deux mois auront suffi pour montrer par lapratique que la présidence ne les partage pas.Vos élus sur la liste « Pour un université humaniste, démocratique et écologique » (UHDE).

Une suspension toujours inadmissible

Les personnels ont majoritairement été choqué.e.s de la mesure conservatoire de suspension décidée par la présidente à l’encontre d’un de nos collègues de l’UFR de Droit-Economie-Gestion. Nous notons, comme l’explique la présidente S. Retailleau dans son publipostage, qu’il ne s’agirait en aucun cas d’un problème technique mais bien d’une mesure permettant que le jury ait lieu en son absence puisque sa présence « s’avérait de nature à possiblement entraver son bon déroulement » .Il est inadmissible que la présidente ait prononcé cette mesure, grave et humiliante pour un collègue, alors même qu’elle est annoncée comme n’ayant « pas de caractère disciplinaire ».En réalité, il s’agit qu’un collègue qui a critiqué depuis le début du confinement les modalités d’examen, ne puisse pas exprimer son opinion à l’occasion de la réunion d’un jury dont il est membre. Cette méthode serait choquante dans n’importe quelle situation mais l’est encore plus ici, au regard de la tension et des questionnements légitimes exprimés ces dernières semaines, lors du confinement. La question de l’urgence ne saurait nous convaincre : si la démocratie universitaire prend du temps, c’est elle qui assure la qualité des décisions prises. Vouloir empêcher un collègue de s’exprimer dans le cadre de ses fonctions en utilisant une mesure de suspension est inacceptable et la banalisation de ces méthodes est à craindre.La pétition de soutien à notre collègue (http://chng.it/JSpdZtBJ2s), auquel on continue à reprocher d’avoir critiqué le maintien de la session d’examen, reste plus que jamais d’actualité.

Non à la remise en cause de nos congés !

Dans le privé, on parle de passer à une semaine de 60h. Pour les fonctionnaires, il s’agit de renoncer à prendre « trop » de congés après le confinement. Derrière les discours lénifiants sur le dévouement des personnels, leur fatigue accumulée, il s’agit bien de préparer l’après, c’est-à-dire la relance de l’économie. Et pour cela : tout le monde sur le pont !C’est ainsi qu’il faut comprendre l’ordonnance, qui fait suite à la déclaration d’E.Macron lundi 13 avril, annonçant que les personnels BIATSS sont tenus de prendre 5 jours de congés d’ici la fin du confinement pour les agents en télétravail, et carrément 10 jours pour ceux placés en « autorisation spéciale d’absence » (dont 5 rétroactivement!). Il faut être clair, les plus touchés par cette seconde mesure sont : * Les personnels de catégorie C assurant des tâches d’exécution comme l’accueil, le ménage, la gestion technique des bâtiments, ou n’ayant pas de moyens informatiques pour télétravailler. * Les mères de famille qui ont encore majoritairement la responsabilité de s’occuper des enfants. Nous posons la question, les personnels sont-ils responsables de cette situation ? Bien évidemment, non. Par contre, ce gouvernement, qui veut nous voler jusqu’à 10 jours de congés, a initié ou prolongé : * la baisse drastique des crédits de la recherche publique, y compris ceux engagés sur les coronavirus suite à la crise du SRAS en 2003; * la suppression de 100 000 lits hospitaliers en 20 ans avec les terribles conséquences actuelles; * la pénurie de masques; * le laissez-faire des fermetures d’usines pharmaceutiques et des délocalisations, responsable du fait que dès le début les personnels de santé, ceux travaillant dans les Ehpad, ceux de la distribution et des transports, etc, ont travaillé sans les moyens de protection nécessaires. Cette obligation de déposer des congés est une attaque supplémentaire contre nos statuts et nos droits. Elle représente 17 à 22 % de nos congés annuels. Elle utilise la loi d’urgence sanitaire qui autorise le gouvernement à légiférer par ordonnance sans consulter le parlement. L’enjeu est de donner les moyens aux employeurs de pouvoir faire travailler davantage à la fin du confinement. De plus peut-on avoir confiance quand on prétend que ces ordonnances sont censées être limitée dans le temps, celui de la pandémie et de la crise ? Quand décidera-t-on qu’elles sont terminées ? Quand les virus auront disparu de la surface de la Terre ? Quand la Croissance sera remontée à 5 % par an ? De même que Vigipirate n’a jamais été supprimé, de même que la plupart des mesures de l’état d’urgence terroriste ont été pérennisées dans la loi ordinaire, les régressions sociales et citoyennes de pandémie ont vocation à se prolonger indéfiniment.En ce qui concerne plus spécifiquement nos métiers, le président du CNRS, pourtant adepte d’une LPPR « inégalitaire et darwinienne », a décidé de ne pas utiliser la possibilité offerte par l’ordonnance d’imposer 5 jours de congés aux télé-travailleurs. Il n’y a aucune raison que la Grande Université Paris-Saclay ne fasse pas de même. Plus généralement, on reconnaît ici plusieurs techniques éprouvées : * le va-et-vient privé/public, largement utilisé par le passé pour reculer l’âge de la retraite : on impose une semaine de congés pendant le confinement dans le privé, puis quelques temps plus tard dans le public, mais en se dispensant d’obtenir l’accord des syndicats. La prochaine étape logique serait de se passer également d’un accord syndical dans le privé… * la stratégie du choc : on profite que les citoyens soient sonnés ou terrifiés par une catastrophe ou une vague d’attentats pour introduire des régressions sociales, au prétexte de résoudre cette crise * la minoration du dialogue social avec les organisations syndicales Par ailleurs, les organisations syndicales et citoyennes sont empêchées par le confinement de manifester et même de se réunir, ce qui réduit leur possibilité de peser. Ce à quoi nous assistons, sous le prétexte de la « solidarité », c’est bien une tentative de faire payer aux travailleurs la crise économique à venir. Alors quand on sollicitera votre solidarité envers les travailleurs du privé, les infirmières ou les morts des EHPAD, vous saurez quoi répondre… Voici le lien vers l’ordonnance en question : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041801063Et la note d’accompagnement qui la traduit en français : https://www.legifrancegouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041801060

A propos de la situation actuelle

La situation actuelle est une conséquence de la destruction continue du système de santé par les gouvernements successifs au profit du privé. Dans la Fonction Publique, cette politique s’est traduite par une réduction drastique des financements publics et une attaque directe contre les conditions de travail des personnels et contre leur statuts. Aujourd’hui c’est donc dans des conditions désastreuses que sont mobilisé.e.s les personnels de santé. Ce contexte rend la période exceptionnelle et nous voulons mettre en garde sur les dangers de vouloir continuer à fonctionner à distance à un rythme ordinaire comme si de rien n’était. La période que nous vivons N’EST PAS NORMALE et nous fonctionnons, chacun.e selon les circonstances, dans un mode dégradé. Étudiant.e.s, personnels, titulaires, vacataires ou contractuel.le.s, nous vivons dans des circonstances hétérogènes. Les conditions matérielles de confinement, d’approvisionnement, d’accès à une connexion, la présence d’enfants, de parents, la maladie de soi ou d’un proche ou encore l’anxiété, créent des situations très diverses. Certain.e.s peuvent travailler à plein-temps, d’autre à temps très partiel, d’autres pas du tout, et les situations vont nécessairement évoluer. Or, il est impossible de faire autant en télétravail, dans des conditions plus ou moins adaptées (maladie, école à la maison,…) que sur le lieu de travail, proche de ses collègues. Il est donc illusoire et dangereux de programmer la reproduction à l’identique de tous les cours au format vidéo, de demander un reporting serré des activités réalisées, ou de chercher à délivrer des enseignement ou des notes, à un rythme ordinaire et coûte que coûte. En aucun cas on ne pourra évaluer nos étudiant.e.s de manière égalitaire en distanciel. Il semble qu’en moyenne une dizaine de pourcents de nos étudiant.e.s n’ont pas d’ordinateur avec un accès internet, que 30-40 % d’entre iels n’ont pas d’endroit où étudier de manière isolée. Il faut donc proscrire les évaluations en distanciel, que ce soit en contrôle continu ou terminal. Encore moins que d’habitude, nous devons accepter de nous laisser guider par l’importance de noter, ce qui est un but très différent de celui d’enseigner et de transmettre.La situation actuelle appelle à réviser nos priorités, en ne mettant pas forcément en tête celle de la continuité pédagogique. S’entraider est prioritaire, que cela concerne des proches ou de manière plus large comme en se portant volontaire pour aider l’Assistance Publique ou la réserve civique (voir http://jeveuxaider.gouv.fr).