Soutien aux familles Roms du Nord Essonne

Pour la deuxième fois en deux ans,

L’EPAPS expulse, au nom de l’Université, des familles tziganes,

…  et l’Université soutient cela.

Voici un bilan du Tiers-lieu des Non-logés, un squat qui aura duré 5 semaines, dans le bâtiment point F, devant Centrale et l’ENS. Le 11 avril, la violence publique, exercée en l’occurrence par l’EPAPS, le tribunal administratif de Versailles et la préfecture, aura remis en errance 20 personnes dont 7 enfants.

En août 2021, des familles Roms étaient expulsées de leur bidonville sur une parcelle rue Nicolas Appert au prétexte de travaux imminents… qui n’ont pas commencé aujourd’hui Notre collectif de soutien aux bidonvilles du Nord-Essonne était né à cette période, agrégeant étudiants, universitaires, voisins et des membres d’associations de la région.

Après de multiples expulsions ces derniers mois, 3 de ces familles se sont installées le 5 mars au Point F, bâtiment inutilisé depuis des mois, au cœur de l’université Paris-Saclay. À peine installées dans ce squat rebaptisé Tiers-lieu des Non-logés, les familles ont reçu la visite d’un huissier, puis de la gendarmerie à de multiples reprises et enfin la convocation au tribunal en vue d’une expulsion. Quelques jours après une audience où la magistrate a jugé qu’elle pouvait décider sans avoir entendu l’avocate de la défense,  l’expulsion a étéprononcée … sans délai. Les familles et les associations, sans refuser la décision de la justice, ont demandé à ce que l’expulsion soit retardée après le 8 juillet, afin que les enfants puissent finir l’année scolaire, qu’un diagnostic social soit fait, que des lieux d’hébergements pérennes soient trouvés. Mais, il semble préférable à la justice de mettre des enfants et leurs parents à la rue dans la hâte, plutôt que de les voir occuper un bâtiment désaffecté depuis des années. 

L’expulsion a donc bien eu lieu le mardi 11 avril. Le préfet avait garanti, indirectement, que l’expulsion ne se ferait pas sans propositions d’hébergement. 

– une famille de trois, dont le père est en fauteuil roulant, a été hébergée à Boussy-Saint-Antoine dans un hôtel correct, le 11 au soir. Ils ont attendu toute la journée avant d’avoir cette proposition à 16h et ils ont dû y aller en transport, accompagnés d’un membre du collectif de soutien. Ils y sont extrêmement isolés, ne parlant pas très bien français.

– une famille de 4 a été hébergée le mardi, après une nuit (payante) dans un bidonville, dans un hôtel de Juvisy. Sans chauffage, cuisine ni frigo, ils sont malgré tout contraints de se réfugier au bidonville en journée. Ils rentrent a l’hôtel le soir pour ne pas perdre leur chambre et être blacklistés du 115. Il est clair qu’ils ne pourront pas tenir longtemps comme ça. 

– une famille de 7 a eu une proposition à Torcy le lundi soir. La chambre était trop petite et tellement ignoble qu’ils n’ont pas pu y dormir et ont trouvé refuge dans un bidonville. Vendredi 14, la préfecture a proposé un 2e hôtel à Soisy-sur-Seine. Ils y ont passé 2 nuits mais le manque de chauffage, cuisine et la présence de cafards les ont fait abandonner. En outre 3 enfants de cette famille sont scolarisés à Bures et la maman travaille à Rungis. 

Ces expulsions successives, c’est un éternel recommencement. Les familles se retrouvent face à des institutions sourdes et maltraitantes, qui préfèrent expulser plutôt que de penser des projets et à l’avenir, des associations absentes ou inefficaces, un racisme systémique et qui se trouvent à chaque fois plus fragilisées économiquement, physiquement et psychologiquement. En outre ces « solutions » coutent très cher et enrichissent des hôteliers véreux.

L’EPAPS pourrait proposer un bâtiment ou un terrain pour quelques années. Il n’en manque pas et il est possible de faire une convention qui limite la durée. Mais fermer les yeux et envoyer le problème à Torcy est tellement plus simple. L’EPAPS prétend protéger les intérêts de l’université, possède tout le plateau et les bâtiments désaffectés. Véritable seigneur local, il ne répond à aucun mail, aucun coup de téléphone, et son représentant a même « préféré ne pas donner son nom » lors du procès d’expulsion. Des travaux absurdes pour murer le point F, défigurant ce joli bâtiment sont maintenant bien entamés.

Interpellée, l’Université ferme les yeux, se décharge sur l’EPAPS …  Lors du procès, la présidence a refusé de nous écrire simplement que le Tiers-lieu « n’avait fait l’objet de plainte de la part d’aucune composante ». Ce qu’elle nous a bien confirmé à l’oral, mais l’écrire aurait apparemment constitué un trop gros affront à l’EPAPS .

Comme aucune vraie résorption « par le haut » des bidonvilles n’est pour le moment envisagée, nous continuerons en tant que collectifs de bénévoles, à dénoncer ces traitements cyniques donnés aux familles tziganes. Ils sont contre-productifs, inhumains et chers. Nous continuerons à proposer aux autorités locales que des expériences de stabilisation et de résorption des bidonvilles « par le haut » soient mises en place. Si vous avez des idées sur comment peser sur le seigneur de ces lieux, alias l’EPAPS, et/ou sur les autorités locales, nous sommes preneurs.Redressons la tête avant qu’il ne soit trop tard.

Salutations solidaires, 

Le collectif de soutien aux bidonvilles du Nord-Essonne

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