Chaires de professeur junior : encore un passage en force !

Un des volets de la Loi de Programmation de la Recherche (LPR) est la création de « Chaires de professeur junior » (CPJ, ex-tenure tracks), présentées comme des postes de recherche et d’enseignement (64h par an) d’une durée de 3 à 6 ans pouvant déboucher sur un poste de Professeur

En réalité :

  • il s’agit de postes non titulaires et sans réelle garantie de titularisation
  • en cas de titularisation, celle-ci se fait sans qualification, voire sans HDR
  • cela se fait objectivement au détriment des postes de Maître de Conférences (903 postes MCF publiés en 2020 contre 1182 en 2016, alors que le nombre d’étudiants a augmenté de 100 000 sur la période)
  • ces postes remettent en cause les libertés académiques, car fléchés sur des thématiques « stratégiques », et avec la titularisation soumise au bon vouloir de quelques-uns.

La LPR dans son ensemble a fait l’objet d’une mobilisation sans précédent dans le monde universitaire, fin 2019-début 2020, stoppée brutalement par la pandémie. Elle a néanmoins été promulguée le 24 décembre 2020.

L’Université Paris-Saclay a mis en place un « Groupe de Travail LPR », composé en partie
d’élus, pour discuter de la mise en application de cette loi. Concernant les « Chaires de professeur junior », la position officielle de la présidence est de ne pas avoir tranché entre 3 scénarios, l’un consistant à refuser ce type de postes.

Cependant, lors d’une réunion ayant eu lieu le 8 juillet à l’UFR Science, il a été demandé aux départements de faire remonter sous deux jours ouvrés des profils de postes CPJ sur des thématiques étant « dans le cadre de la stratégie de l’université: santé, quantique, patrimoine, développement soutenable/climat ». Ces profils seront arbitrés au niveau de l’université en dehors de tout conseil (sur la base de « critères » décidés en amont en CAC), et remontés au ministère le 23 juillet. Le CA et le CAc seront consultés, mais… fin septembre.

Ce revirement soudain ferait suite à une injonction du ministère de faire remonter très rapidement des profils de CPJ, pour une mise en place en décembre. Cette manière de faire vise une fois de plus à placer les acteurs de l’université devant des choix urgents qui ne permettent pas de réfléchir collégialement aux conséquences sur le moyen et long terme. Elle participe un peu plus à la destruction du service public de l’université.

On ne compte plus les instances académiques qui se prononcent régulièrement contre la mise en place de la LPR. L’Université Paris-Saclay a le poids pour faire entendre sa voix et nous demandons à ce que celle-ci ne soit pas celle de la marche forcée imposée par le ministère, mais celle émanant de ses conseils, élus par ses personnels et usagers.

Nous avons appris qu’au moins 4 départements avaient décidé de ne pas suivre cette injonction à foncer tête baissée sous les ordres du ministère. Nous invitons à généraliser ce mouvement.

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